(Photos : Maxime Chermat)
Bouillant !
Tel était le credo de la deuxième édition du Peacock festival prenant place au parc floral de Paris à deux pas du Château de Vincennes.
Imaginé par les équipes de We Love Art & Savoir Faire, l’événement qui se déroule sur 3 jours et nuits s’est d’ores et déjà imposé dans le paysage francilien.
Cette année c’est autour de deux scènes intérieures et d’un secret dancefloor que tout s’est organisé, sans oublier la Block Party Open Air, événement de fermeture pour les infatigables du dimanche après-midi sur la terrasse du Wanderlust et les quais de Seine.
Sold out en seulement quelques jours, les dernières places se revendaient à prix d’or sur les réseaux sociaux et ce malgré la remise en vente de tickets supplémentaires par l’organisation pour contrer le marché parallèle.
Preuve de cet engouement, le festival avait rassemblé pour de 23.000 personnes l’année dernière et il y fort à parier que le record ait été battu.
Nuit 1
21h30, sortie de métro. On brave la pluie naissante durant les 10 minutes de trajet à pied sur lequel on croise de nombreux festivaliers. Ça chante ça court, ambiance love is the air – jusqu’au site du festival, en plein Bois de Vincennes.
On rentre sans aucune attente – bon point – un petit scan de son ticket et c’est parti, on y est pour de bon.
Direction les deux scènes couvertes du Parc Floral, un dancefloor géant de 10.000 m² !
En attendant le reste des troupes, c’est non convaincu que l’on se dirige vers la scène 2 qui se trouve en face de nous et où officie le mystérieux Claptone.
Ce n’est pas tellement notre tasse de thé, sample douteux et house trop lisse à notre gout, mais il faut reconnaître que le Berlinois au masque doré se débrouille plutôt bien et ça ne manque pas, le public est au rendez-vous, chaud bouillant.
#Bouillant, c’était le slogan de cette deuxième édition. On a pu voir les stickers envahir la capitale et nos fils d’actus Twitter avant l’événement, et il faut reconnaître qu’en plus d’être bien trouvé, ce dernier s’est très vite imposé comme LA marque de fabrique du festival.
Cette ambiance survoltée, on la retrouve une nouvelle fois lors du set de Cassius.
Il faut toujours garder à l’esprit que lorsqu’on assiste à l’un de leur sets, on rentre complètement dans l’ère de la French Touch sacrée.
Leur capacité à imbriquer deux morceaux, à jouer avec sans perdre aucune énergie – c’est le principe d’un mix, je sais – est avec eux particulièrement flagrante et réussie.
Ils ont la classe, ils bougent hyper bien. Toujours un très grand plaisir de voir Boombass & Zdar à l’œuvre, on attend le nouvel album avec impatience !
Martinez Bros
On glisse vers la scène 2 où Ron Morelli laisse la place aux New-Yorkais Martinez Brothers.
Je me souviens (Paul) avoir pris une petite claque lors de la retransmission du set des deux bros sur France Inter, en direct des Nuits Sonores 2011. Impossible de rater l’occasion de les voir en vrai.
Avec une ambiance folle, la grande scène 1 quasiment remplie, on a du mal à rentrer dans le set, un peu trop G-House à notre gout, il manque un peu d’âme à tout ça.
Changement de cap avec de la Detroit – House Minimaliste, mélodieuse, hyper efficace dés les premiers instants. Sans aucun doute la bonne claque de ce samedi.
Le bon dilemme propre à chaque festival commence à s’emparer de nous. On a le choix entre deux poids lourds pour le closing de cette 1ère nuit, a savoir Richie Hawtin sur la scène 2, et Kerri Chandler sur la scène 1.
Comme 25.000 personnes on opte pour le boss de Minus Records, mais on se rend assez vite compte que la techno minimale, c’est pas vraiment ce qu’il nous faut à cette heure, ni pour terminer la soirée.
À notre grande surprise, on trouve ça assez vite chiant, l’occasion pour nous d’aller remplir notre verre et d’aller voir ce qu’il se passe sur la scène 2.
Une toute autre ambiance nous y attend, beaucoup plus chaleureuse, ou le pionnier Kerri Chandler semble avoir le public déjà bien dans la poche. Il terminera sur une belle jam session au piano, sur le rythme du Strings of Life de Derrick May. La classe, tout simplement.
Il est pas loin de 06h, on va prendre l’air, on se débrouille tant bien que mal pour essayer l’un des tout derniers food trucks non dévalisés présents sur place et c’est sur cette note gastronomique que l’on se dirige le pied lourd vers la sortie.
Nuit 2
20h00, on arrive assez tôt et c’est complètent voulu!
Après des heures et des heures passées derrière notre transistor virtuel branché sur Rinse France, nous ne voulions par rater le boss de Pelican Fly (DJ SLOW) qui avait en charge l’ouverture de la scène 2. Fier ambassadeur de cette nouvelle vague d’artistes mêlant R&B, sonorités électroniques et beats hip/hop.
DJ Slow débute en douceur, mais il va rapidement faire monter la chaleur en jonglant habillement entre toutes ces influences, pour le plaisir de nos oreilles. On retrouve dans son set un bon nombre de productions Jersey Club ainsi que la dernière sortie Pelican Fly, l’EP Broke City de Nadus.
Du côté de la scène 1 on est surpris de retrouver bien plus de monde. Les festivaliers dansent sur les rythmes orientaux chargés de soleil et sélectionnés de mains de maître par le merveilleux duo Acid Arab.
Le jeune Australien de 21 ans Wave Racer reprend les rênes de la scène 2, qui se remplie très timidement.
Cependant les quelques personnes présentes ne font pas office de figuration, bière à la main,tout se passe au premier rang, et ça bouge bien !
En DJ Set sa « future-funk pixelisée » à la touche acidulée ne déçoit aucunement, on est transporté en plein milieu d’un jeu vidéo bien oldschool. Mention spéciale pour ces deux derniers remixes, absolument géniaux.
On enchaîne avec un des artistes les plus attendus sur cette édition, le mystérieux Cashmere Cat.
Le jeune Norvégien débute son set devant une scène 2 bien en jambe, mais pas encore bien remplie. Casquette vissée sur la tête, long cheveux blonds, il alterne morceaux rêveurs, edits RnB et grosses machine jersey comme le Nwxrk de Nadus, Rice Rain, ou encore Do You, son remix de Miguel.
La salle est désormais pleine à craquer, la soirée bas son plein sur une ambiance déchaînée.
Jimmy Edgar prend donc le relais devant une salle survoltée, pas besoin d’y aller par quatre chemins, c’était LE set de la soirée, pour nous, mais aussi pour beaucoup de festivaliers et d’artistes présents, tels que Para One.
Il débute son set par son remix de Matrixmann – Simulation et pendant 1h30 on a droit à ce qu’il se fait de mieux niveau techno actuellement, notamment via beaucoup de releases de son label Ultramajic, qui venait de fêter son premier anniversaire.
A en juger de l’efficacité de ses productions et de son set, Jimmy Edgar réaffirme sa position d’acteur montant et influant de la nouvelle scène techno. Tirant profit de son expérience et de ses influences musicales variées, il distille musique électronique aux sonorités profondes et percutantes.
L’intensité des cris monta d’un cran lorsque les premières notes de son morceau Frequency retentirent. Véritable maestro derrière les platines, il a réussi à transcender le public du Peacock Society en le transportant dans une dimension magique, la dimension Ultramajic.
L’écurie ClekclekBoom était bien présente sur cette deuxième édition du Peacock, brillamment représentée par Manaré & Coni sur le Secret Dancefloor, ainsi que par Bambounou & French Fries, en B2B vinyl dément sur la scène 2.
Grosse, grosse ambiance dans le public, notamment lorsque retenti le Bug Noticed de French Fries.
Un grand moment du festival.
PERC
Alors qu’on s’aventure à l’extérieur à la recherche de nourriture, le Londonien PERC prend le relais.
On traîne un peu dehors, mais pas trop loin non plus, sa techno percutante (d’où son nom) nous tient en jambe et vient le moment ou il lâche son remix de Daniel Avery, le moment ou l’on re-rentre se mêler à la foule pour ne pas louper cet obus sonore.
Arrive le moment du final, assuré par un Brodinski complètement déchaîné devant une foule tout aussi enthousiaste.
Avec deux heures devant lui, Brodinski débute son set de la même manière qu’à la Villa Aperta et prend un grand plaisir à jongler entre les styles, de Paul Johnson, Alden Tyrell, au Studio de Schoolboy Q en passant par le terrible Hellifornia de Gesaffelstein et l’avant-dernière release Ultramajic, le Ghetto Giants de Chambray.
Ce dernier en a profité pour passer le dernier Ateph Elidja – Vision – un gros morceau warehouse qui ne pouvait pas rêver meilleure inauguration.
Au terme de ce récit chronologique, n’oublions pas l’organisation.
De la demande des accréditations, à l’accueil sans attente et aux nombreux espaces Presse/VIP, tout était parfaitement rodé ou presque. On regrette un peu le choix des jetons pour l’achat des boissons et le sound system qui aurait pu être un peu plus à l’honneur.
La décoration des scènes était peu présente, mais le gros travail des lumières rattrape le tout. Rien à dire sur le nombre d’écotoilettes dans l’enceinte du festival, avec une attente de quelques secondes en moyenne c’était plus qu’appréciable, parfait même !
Le mur photo de JR, les food-trucks et le chapiteau extérieur qui retransmettait la scène 1 sont des plus et ils donnent au festival la touche qu’il fallait.
Voilà pour nous, on était bouillant ! Merci le Peacock Society et à l’année prochaine.
– Paul, Gilles, et Nicolas pour Bring Your Jack & Stop The Noise.