Interview : Danger

(Artwork par Matthieu Lauret // Matthhaeus)

Bonsoir Danger ! Merci de m’avoir accordé cette interview. Peux-tu te présenter pour ceux qui ne te connaissent pas encore ?!

Bonsoir, je m’appelle Franck Rivoire, j’ai 26 ans. Je viens de Lyon, mais j’habite en ce moment à Paris. Je fais de la musique depuis trois ans environ. Enfin, j’ai commencé à être Danger depuis trois ans et je fais de l’électro pour les geeks inspirée des musiques de film, des musiques de jeux vidéo, de Final Fantasy … Enfin, des trucs de gros geek en fait.

Venant d’une formation classique, tu as joué de plusieurs instruments tels que le saxo et le piano pendant plusieurs années. Comment se sont passés tes débuts ? Du jour ou tu touché ton premier instrument  à la décision de te lancer clairement dans la musique électronique jusqu’au matos utilisé à tes débuts.

Vraiment, c’est le truc de con, mais j’ai toujours fait de la musique parce que mes parents m’ont forcé quand j’étais petit. J’ai commencé par différents trucs, et un jour un pote a eu un synthé parce que sont père aimait beaucoup la musique électronique. Quand j’en ai vu un, j’ai vraiment trop kiffé donc j’ai cassé les couilles à mes parents pour qu’ils m’en achètent un. J’ai eu un truc de merde au début, un truc tout pourri, mais je commençais déjà à faire des loops. Après, il y a toujours eu des petits groupes. Vu que moi j’étais un skateur à l’époque et que j’en ai fait assez longtemps, j’ai eu un petit groupe de punk comme tout le monde et j’ai un petit peu frôlé le métal pendant un moment.

Et puis voilà ! J’ai toujours été un geek jeux vidéo à mort, donc je faisais des chiptunes en même temps. Danger et né de mon kiff de la musique un peu fat et du mélange avec mes influences qui étaient généralement des influences assez visuelles et pas vraiment musicales.

Tu as déclaré dans plusieurs interviews que tu portais un masque pour deux raisons : te créer un personnage à la manière de ce que tu vois dans les comics et les jeux vidéo, et d’un autre côté pour que les gens ne te jugent pas sur ta personne. Ton masque est d’ailleurs inspiré d’un personnage de jeux vidéo, le mage noir présent dans les Final Fantasy. Comment as-tu choisi ce personnage et d’où vient ton nom de scène « Danger » ?

Comme beaucoup de mecs qui font de l’électro, j’étais graphiste avant donc j’aime beaucoup la communication, mais pas comme un gros salaud de publicitaire même si on est tous des gros salauds à partir du moment où on travaille pour la capital.

Pour le masque, je suis toujours timide et je suis un geek en plus d’être un producteur au départ. Je suis un mec de studio, j’aime beaucoup me produire, mais je n’aime pas le principe où les gens me considèrent comme la personne que j’incarne. Je trouve que c’est nul … J’ai toujours lu des BD, j’ai toujours kiffé pleins de trucs et moi j’aime le principe du héros, du mec sur scène alors  je me dis pourquoi pas. On est dans une société de geeks où tous les mecs ont les codes des BD. Évidemment, j’aimais bien Daft Punk …. Mais pour moi, personnellement, on est à l’aube d’une époque où une tonne de milliards de mecs vont se faire des avatars et vont se créer des trucs.

Tu n’as qu’à voir les proportions que prennent des trucs complètement kitsch, mais qui fascinent de plus en plus de gens et qui vont être de plus en plus fat comme le Cosplay et les trucs de japonais comme ça, même si au final j’en rigole encore en me disant « Est-ce que ce sont des gros horribles qui font ça en Pikachu ? ». Mais globalement, de plus en plus, on essaye de ressembler à des personnages qu’ont kiffe. J’ai déjà testé, mais il est hors de question que je fasse un truc avec ma tête, ça ne correspond pas à mon délire.

Puis Danger, comme je fais de la communication … En fait, moi je m’appelle Danger depuis au moins sept ans sur MSN et sur tous mes trucs de tchat (IRC et tout). C’est aussi parce que depuis l’époque du terrorisme, et même un peu avant (vu que ça craignait un peu la où j’habitais), il y avait plein de trucs Vigipirate dans tous les sens et j’ai commencé à me rendre compte (je prenais le train en plus) qu’on voyait partout et tout le temps: Danger, Danger …

Je me suis dit que le mec qui s’appelait Danger, il aurait juste de la promo gratuite, partout, dans tous les pays du monde et ça en permanence. Et finalement, je trouve le nom assez cool. Je n’aurais jamais pensé que si tu tapais le nom sur Google, ce serait sur ma gueule que tu tomberais et c’est marrant.

Tu n’avais pas peur d’avoir un nom justement trop générique ?

Ben si c’est un risque, mais en même temps pas forcément. Ce n’est pas pour rien s’il y a pleins de marques qui le font. Je ne suis pas sûr que Wanadoo ce soit mieux qu’Orange et à partir du moment où tu prends du générique c’est un rique … De toute façon, les marques ne sont pas éternelles et les artistes non plus. À partir du moment où tu t’inscris dans une durée de temps et que ton nom s’associe à un truc … Je trouve ça vachement plus intéressant que d’avoir des noms super compliqués qui au final ne te rentrent pas en tête. Tu les oublies, tu n’as pas de rappel, ça fait chier. En plus, je trouve que ça ressemblait pas mal à mon projet, c’est assez mystérieux comme nom.

Penses-tu toujours à l’idée d’abandonner ce personnage et de laisser le masque de côté comme tu l’avais expliqué dans l’interview vidéo de Sourde Oreille ?

En fait, c’est vrai, et ça va être un truc mille fois mieux !

J’ai abandonné l’idée du masque en soi, dans la technique on va dire, mais pas dans le but de créer un personnage c’est même tout le contraire ! Voilà ce que je peux te dire. Donc la, vraiment si ca aboutit, parce que je fais intervenir pas mal de personnes du cinéma et tout, ça va vraiment être « chan-mé », genre vraiment pour les geeks.

J’y bosse depuis assez longtemps, mais ça met beaucoup de temps de réunir des gens compétents. Et moi mon but, vraiment, c’est d’être dans un truc de culte du personnage qui n’est pas forcement juste un mec avec un masque. Il y a eu pleins d’artistes comme Deadmau5, les Bloody Beetroots, Cyberpunkers et d’autres et j’en passe.

Mais tous ces mecs généralement, il n’y a pas de sens dans leurs trucs. Je comprends leurs délires, c’est peut-être parce qu’ils sont timides, mais j’ai l’impression que c’est vraiment plus de la communication qu’une vraie envie de créer quelque chose. Dès le départ, je l’ai fait sincèrement en voulant créer un espèce de personnage en plus d’un univers. Je pense que j’ai vraiment trouvé un truc d’intéressant donc mystère …

Tu es sur le label Ekler’o’shock depuis plusieurs années maintenant. Comment as-tu rejoint ce label ?

Je faisais de la musique pour rigoler, c’était vraiment un truc pour s’amuser … Franchement, ce que j’ai fait, c’est ça le truc de fou : j’étais en stage en graphisme dans la première boite où j’étais censé bosser, et puis chaque fin de journée, quand je finissais mes trucs, je faisais un peu de son.

C’était la mode des Myspace Music, je voyais que les mecs se faisaient remarquer et donc j’en ai fait un pour rigoler. C’est la que j’ai fait Danger, j’ai posé des sons que j’étais en train de faire et qui dataient déjà de plusieurs années.

J’ai vu que ça commençait à plaire, j’ai fait un tout petit peu de communication mystérieuse, à poster des pyramides et des jungles par ci par la. Et en fait, j’ai envoyé un mail, car j’aimais bien DatA à l’époque à Ekler’o’shock. Il m’a dit « C’est de la balle, on signe ».

Ton premier EP est sorti en 2007 ! À la différence de tes morceaux qui sont tous des heures, tes EP sont eux une date avec une date bien précise 09/14/2007 puis ensuite le 09/16/2007. Que représentent ces dates et ces heures ?

(rires)

La première représente le jour où j’ai fini mon premier disque. Après, je me suis fait des trucs par périodes, mais là je considéraisque même si les années sont passées, j’étais sur la continuité d’un truc.

J’essaye de raconter une histoire et de créer une espèce d’univers où il y a des morceaux qui se complètent, qui créent une espèce de narration,  d’atmosphère. J’ai continué sur ça, c’était marrant de continuer à garder la même année, tu vois. J’aime bien les dates, les chiffres, ça m’arrive très souvent de bloquer parce que c’est la même date que l’un de mes EP. C’est un moyen comme un autre d’avoir une communication personnelle.

Et puis surtout, je produisais pas mal. C’est super sincère en fait, j’ai toujours donné des noms d’heures à mes morceaux. En partie parce que ça me faisait chier, j’en faisais plusieurs, c’est des loops, allez c’est quelle heure, on s’en fout et finalement je me suis dit que c’était intéressant de garder le bordel.

Il me vient alors une question, où est le deuxième EP « 09/15/2007 » ? Et pourquoi avoir choisi de sortir le « troisième » dans ce qui semble être une saga ?

Haha (rires).

En fait, c’est une blague de geek comme Star Wars. Je pense que je vais le sortir, on verra. C’était le principe de créer une chronologie bizarre.

Et pour 88h88 ?

Je pense que pas mal de gens ont compris le délire. Vu que j’utilisais le système digital tu vois, c’est un peu l’heure où ton réveil est débranché, l’espèce de matrice qui peut faire tous les chiffres.

Il n’y a jamais de paroles dans tes morceaux (mis à part les feat, avec Vyle par exemple), mais il y en a dans deux morceaux : 11h30 et Revolte at 22h10. Plus que des paroles, ce sont plus des mots, qu’est ce que ces morceaux représentent pour toi ?

Ouais, c’est plus des mots.

Pour 11h30, c’est vraiment un morceau que j’ai fait il y a super longtemps et qui n’a rien à voir avec Danger on va dire. Enfin, pas rien à voir, mais un peu rien à voir et qui m’a quand même fait connaitre, car il y avait une certaine énergie. Mais globalement, c’est vrai que je ne suis pas super à l’aise avec la voix parce que je trouve que ça a tendance souvent à casser l’ambiance alors que moi c’est le truc qui m’emporte le plus quand je fais un morceau. Il faut que ce soit narratif, qu’il ait un truc et quand tu mets de la voix, d’un coup ça devient une chanson et c’est très difficile à gérer. Je cherche des solutions et j’en ai trouvées des assez cool pour le moment.

Pour 11h30, c’était n’importe quoi, certains essayent de trouver les paroles et c’est super rigolo. En fait, c’est des syllabes, c’est slicé, et en fait j’ai juste pris des morphèmes pour qu’ils sonnent « intéressants ». Je l’ai mis dans un ordre qui me plaisait en séquençant le bordel et voila, c’est tout con.

Généralement, si tu remarques bien, toutes les chansons c’est pareil. Enfin la musique, un texte de chanson, ça ne sert à rien, les gens ils s’en battent les couilles. C’est pour ça, si tu traduis les chansons à l’américaine … Enfin, ce n’est pas vrai pour tout, mais généralement c’est un témoin textuel.

Moi j’ai toujours kiffé les instrumentales, j’ai toujours écouté que ça. C’est un truc qui m’accompagne et je ne suis pas trop un mec de la chanson en fait.

Le clip de ton dernier EP s’inspire directement du jeu vidéo « Street of Rage ». Comment as-tu découvert les jeux vidéo et quelle influence ont les jeux vidéo sur ton travail d’aujourd’hui ?

Comme tout le monde, j’ai vraiment aimé les jeux vidéo depuis le début. Ça a été un gros kiff pour moi.

En fait, moi mon premier ordi, d’ailleurs c’était un ordi, c’était un Amiga, j’en ai parlé déjà plusieurs fois. On retrouvait un peu ce côté …  Enfin, je ne sais pas si vous voyez ce que c’est, mais toutes les chiptunes et les mecs qui faisaient des démos à l’époque et ça sonnait assez Amiga dans le genre pour les mecs qui connaissent bien bien le truc.

Après, j’ai un peu eu toutes les consoles ou alors j’y jouais chez des potes. J’ai toujours kiffé les jeux vidéo, je suis un vrai, vraiment ! Après j’ai arrêté pendant un moment, mais je n’ai jamais été un « hardcore gamer » par contre. Je pense que sinon je n’aurais pas pu faire de la musique. Ma vie n’a pas été complètement bloquée à se dire …

D’ailleurs, s’il y a un truc que vous voulez voir et qui est mortel, vraiment, ça s’appelle « 88 miles à l’heure ». C’est une émission par deux putains de geek sur Dailymotion, ils font des « tool assisted speed run » et c’est des mecs qui refont des jeux avec des émulateurs. Imagine, ils prennent Castlevania, ils le font tourner sur un émulateur qui te permet de ralentir ou d’accélérer le jeu, de pouvoir enlever des textures, de sauvegarder quand tu veux … Et en fait le but de ces mecs, c’est d’aller le plus vite possible. Ça donne des trucs de malade, les mecs ils s’amusent à trouver tous les bugs pour pouvoir finir le jeu plus vite. Quand tu vois ça, c’est vraiment surréaliste, c’est de l’art contemporain à voir, et c’est sur Dailymotion ! C’est vraiment marrant, il y a vraiment des trucs cool dans cette émission donc je la matte souvent.

Mais moi, ce n’est pas à ce point-là ! J’aime beaucoup les jeux d’aventures, mais je n’y ai jamais passé trop de temps. Et la, il n’y a pas longtemps, on m’a tiré plusieurs consoles lors d’un cambriolage, mais sinon je joue toujours quand même à pleins de jeux maintenant. Il y a pleins de jeux assez cool, mais je suis plus dans le délire. Il y a Fallout qui est super cool, j’aime beaucoup les Bioshock, j’aime bien les trucs où il y a un peu de scénario tu vois, où il y a de l’ambiance même si c’est des trucs de guerre et même Modern Warfare, j’aime bien, c’est super réaliste.

Enfin … On pourrait parler de ça pendant quinze ans, mais j’y joue moins, j’ai moins le temps qu’avant, et maintenant j’aime de moins en moins les trucs japonais comme Final Fantasy où je trouve que c’est devenu dégueulassement kitsch, un truc Disney Channel. Avant, c’était beaucoup plus dark, le scénario était plus travaillé … C’est devenu vraiment un truc pour les enfants que tu finis en ligne droite en cliquant sur un bouton et ça fait chier quoi.

Et la part sur ton travail ?

Elle est essentielle !

Toutes les influences que j’ai de musique et de tout ce que tu veux, c’est les films puisque j’en mate toute la journée en permanence. Mais genre, je ne sais pas si vous, ça vous arrive, mais je matte tout le temps un film en train de faire autre chose et je ne peux plus m’en passer. J’ai mon ordi qui me suit et je mate tout le temps des trucs, je le fais par catégorie ! Du genre, je mate tous les trucs satanistes puis tous les trucs sur le diable, puis tous les trucs sur les vampires. J’aime aussi les trucs assez bizarres, mais aussi les trucs fantastiques. Tant que c’est zarbi et qu’il y a une atmosphère, ça me plait !

Surtout les musiques des films ! Je pense que les gens aiment les films parce que les musiques sont chan-mé. Il y a le film, mais si la musique n’est pas chan-mé, ça ne peux devenir un putain de film. Tu vois tous les films qui marchent comme Inception ou Terminator pour donner un exemple … Inception, la musique est très bien, elle marche super bien, mais ça reste quand même du classique. Alors que dans des films comme Terminator ou même d’autres trucs des années 80, il y avait des BO uniquement synthétiques, ça donnait un truc …. Ça déglingue !

Running Man de Swarzeneger, un film pas trop connu qu’il a fait et qui est hyper kitsch, la BO elle est incroyable. C’est du Kavinsky et du Danger, un truc de malade. C’est super chan-mé, ça sonne méga « Moroder ».

Moi là j’essaye d’être un peu moins dans les années 80, mais toujours à fond dans le cinéma en fait.

J’ai d’ailleurs lu que tu accordais une énorme importance à l’univers visuel. 50 % pour le visuel / 50 % pour la musique. Sur ton Myspace, on peut apercevoir des images ou ton personnage masqué rencontre une personne qui te ressemble énormément et qui semble effrayé et même vouloir lui échapper ! D’où vient cette envie d’avoir quelque chose de super scénarisé et pourquoi ton toi « comics » à t’il peur de ton toi « masqué » ?

(rires)

Comme je l’ai dit, j’essaye de créer une histoire qui a une espèce d’intrigue et puis tu sais, il y a différents degrés de lecture, comme quand tu mates un film.

Ce que j’essaye, c’est d’avoir justement différents degrés de lecture. Tu peux le lire comme si c’était une histoire, tu peux te dire que c’est de la merde … Ca ne me touche pas, dans ce cas la tu n’écoutes pas ma musique, comme dirait  Booba : « si tu kiffes pas, t’écoutes pas et puis c’est tout ».  Sinon les trucs, ça peut être comment un mec va faire de la musique alors que ce n’est pas un mec qui fait de la scène, comment un personnage peut naitre de lui.

Je ne vais pas faire le prof d’arts plastiques, mais il y a moyen de faire des choses et je trouvais que c’était quelque chose d’assez intéressant de représenter un personnage dans le virtuel.

Ça te vient d’où cette envie de tout scénariser ?

Je pense que c’est juste un truc de geek encore pour utiliser ce mot. Tu sais les geeks généralement … Enfin si c’est des mecs qui contrôlent bien leurs univers … Ils aiment bien regarder les South Park et les Simpsons car ils ont toujours les mêmes blagues et les mêmes références à tel truc … Et donc j’aime bien tout contrôler, c’est un truc de gamin. Je trouve que c’est cool, je fais uniquement les choses que je fais, car personnellement c’est ce que j’aimerais voir ou écouter. Et c’est ce que tous les mecs font, je pense. Enfin, si tu croises un artiste qui te dit « je fais de la musique pour les autres », je trouve ça débile.

Et c’est de plus en plus dur. Enfin, pas de plus en plus dur, mais avec internet, tu as le moyen de le faire et en même temps tu as aussi la pression des gens qui te disent « t’es trop une merde, t’es ringard, t’es coincé, ça c’est pas de la musique, c’est pas de l’art ». Et bien ça, c’est faux ! Tous les mecs qui disent ça c’est forcement des bâtards ou des hipsters qui seront finis dans deux ans. Enfin moi, c’est ce que je pense. Quand tu dis ça tu t’exposes forcement à des trucs, mais il faut vraiment faire ce que tu aimes. Des fois c’est un peu dur, tu peux vite passer pour un gros ringard.

Si là, tout de suite, j’allais faire un tour dans ton studio, il serait composé de quoi ? Que ce soit en hardware ou software ?

Mon studio, même si jamais personne ne le verra, ça ressemble à un truc blindé de machines que je n’utilise plus.

J’utilise énormément de software, j’ai trois écrans, pleins de vieux ordinateurs que j’utilise encore pour faire deux trois petits trucs de trackers. J’ai plein de posters de film partout … Enfin, c’est le truc de la chambre kitch d’adolescent, tu vois. J’ai des guitares électriques, je fais plusieurs instruments …Et c’est surtout un putain de bordel de sa race.

Et niveau software ?

Haha … Non en fait, j’ai changé énormément pendant cette année ou je me suis fait un espèce de break pour arriver avec un album vraiment mieux produit et plus cinématographique parce que c’est vraiment calé à fond avec le cinéma.

J’ai changé de soft plein de fois, je suis sur ProTools maintenant, en mode sérieux. Mais j’utilise toujours quinze mille trucs, pleins de petits softwares.

J’ai essayé Nuendo, j’ai essayé Magic … Live, je m’en sers que pour le live, mais je ne suis pas satisfait de tout.

D’où t’est venue l’idée de créer ton concours de bostleg ?

Un peu comme toi qui mets plein de vidéos sur Youtube. C’est d’ailleurs comme ça que j’ai connu Stop The Noise.

Je me suis dit que c’était marrant de profiter du truc parce qu’il y a énormément d’utilisateurs là-dessus. Je sais que tu peux mettre n’importe quel truc. Soit ils te le virent et c’est tout. Tu ne risques rien donc je me suis dit pour les geeks c’est super rigolo d’imaginer que ma musique va être une BO pour n’importe quel truc. Puis ça a vraiment bien marché, sans aucune promotion ou presque de notre part. Bon, les blogs ont soutenu le truc,  ça, c’était cool. Puis j’essaye toujours de faire des trucs qui ressemblent au projet, tu vois. Donc j’ai lancé ça et il y aura plein d’autres trucs cool pour l’année prochaine.

Dans l’interview vidéo du collectif Sourde Oreille, tu avais exprimé ton envie de créer une BO de jeu vidéo. Ça ne sera pas tout à fait le cas, mais tu as réalisé la BO du manga «  Attraction » qui va être très prochainement diffusé sur le net. Comment tout ça s’est mis en place et quel a été ton état d’esprit sur cette BO qui est la première pour toi ?

C’est super cool ! Moi je suis hyper content, parce que le mec Koji Morimoto c’est celui qui a fait un épisode d’Animatrix qui pète sa mère. C’est pas celui qui a fait Akira, c’est celui qui a Co-réalisé Akira avec Otomo (celui qui a créé Akira et qui a fait l’anime). C’est quand même un mec que je respecte au plus haut point.

Ça s’est fait, car c’est une initiative du ministère de la Santé contre la cigarette et ce n’est pas un manga, c’est un court métrage de manga. J’ai fait une grosse partie de la BO, 90% environ, mais c’est pas une BO très longue, c’est pas un truc très long, c’est un court métrage. Je suis super content en tout cas, c’est cohérent avec ce que je voulais faire.

Comment tu as été contacté ?

Ça s’est fait parce que les geeks sont partout les mecs. Les geeks sont aussi dans les agences de pub et ils font des trucs qui marchent vachement bien. Ce qui fait que maintenant, des mecs de 25 ans qui travaillent c’est DDB, qui est une grosse agence parisienne, et bien on leur offre des budgets de malade qui leur permettent de faire venir des Japonais, pour faire des campagnes de sensibilisation, et moi … (rires)

Donc ça, c’était cool et j’ai l’impression que ça leur plait. J’ai vu le mec qui fait ça et j’étais super content. Par contre, la ou je ne suis pas content, c’est que cet enculé de Léonardo Di Caprio a acheté les droits à Otomo pour faire le film aux États-Unis (Akira) qui va être une … pfff … qui va me dégouter quoi.

Ce manga a été commandé par  l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (Inpes), car il veut sensibiliser les jeunes sur les méfaits du tabac et plus particulièrement de la première cigarette. Est-ce que c’est un point qui t’a touché ou est-ce que c’était pour toi totalement indépendant du projet ?

C’aurait été pour n’importe quoi, je l’aurais fait.

Mais la c’était marrant, puis je trouve que c’est un peu ringard aussi, ça me fait marrer. C’est trop pas punk, c’est l’inverse, je trouve ça drôle quoi (rires). C’est quand même destiné à des jeunes, mais personnellement il est curieux ce manga. Je ne sais pas si le message il passe vraiment correctement.

Tu avais déclaré après la sortie de ton dernier EP que tu travaillais sur ton album, mais que tu sortirais d’abord un dernier EP, qu’est devenu ce projet, où en es-tu ?

Ben écoute, comme je l’ai dit … Moi le problème la, c’est que ça a ramé.

Ca a marché très vite pour moi et maintenant je me suis rendu compte, enfin vu je suis perfectionniste et tout ça me fait chier de faire un album vite fait où je ne suis pas satisfait du son, pas satisfait de pleins de trucs. J’en avais un peu marre de la turbine, j’en avais un peu marre de l’électro telle qu’on la concevait à l’époque. Je me suis dit, laisse retomber un peu le truc, prends du temps.

Moi, ce n’est pas mon métier la musique, en ce moment c’est mon métier, mais je ne le considère pas comme un truc qui me met des bâtons dans les roues. Je sais que ça fait chier plein de gens qui attendent, je les comprends et ça me ferait chier aussi, mais là j’ai des tracks vraiment cool. J’attends d’en avoir encore un peu plus (pleins) et quand ça sera le cas, je pense que ça sera vraiment « chan-mé ».

Après ce sera un peu long, je comprends bien, mais on verra.

Et l’album en 2011 ?

Je le prépare ! Je suis bien dessus.

J’ai bien tilté que moi, mon album, ça ne sera pas que de la musique et je bosse sur qu’est ce que ça va être Danger l’année prochaine vu que je bosse sur mon nouveau live, qui à priori va commencer en mars-avril. J’ai déjà fini presque, mais je bosse sur la nouvelle image, la nouvelle tonalité avec le son et tout le bordel et comment on va faire ça.

Puis il y a mon clip où on travaille dessus depuis dix mille ans et qui va enfin être fini. C’est aussi ça le problème de bosser qu’avec des mecs passionnés, c’est qu’on a tellement envie de faire un truc de fou qu’on n’arrive pas à s’arrêter de peaufiner, de faire des trucs.

L’année prochaine, ça va être un truc cool pour moi !

Ton nouveau live, ton album aussi ?

Ouais … Normalement ouais … Je n’aime pas donner des dates parce que la pour l’instant je ne suis pas complètement sur, je suis le genre de mec à revenir en arrière parfois donc c’est chiant. Et en même temps je me dis, qu’entre tous les mecs de l’électro quand je vois des gars comme Kavinsky ou SebastiAn ou même Surkin. Ils ont commencé deux ans avant moi et ils n’ont toujours rien sorti, je sais que ça fait chier pour ceux qui attendent mon album, mais je préfère prendre mon temps pour faire un truc bien plutôt que de faire un truc de merde avec Katy Perry comme featuring.

Tu prépares aussi en parallèle de tout ça, un nouveau live. Quelque chose de plus « technologique et impressionnant » d’après tes mots. Peux-tu m’en dire plus ?

Haha (rires).

Mystère … Non, mystère, vraiment ! Ce qui est sur, c’est que j’ai rencontré depuis, des mecs qui bossent dans le cinéma, dans les effets spéciaux, dans la réalisation de film et dans les jeux vidéos. Ce qui fait que c’est cool et ça me parait cool. Je ne peux pas trop parler de ça, je suis sur un personnage qui va être bien différent, mais cool aussi. Je reste évasif …

Donc la première date en mars ou avril ?

Ouais dans un nouveau lieu à Paris !

À côté de tout ça, j’aimerais savoir quel a été ton état d’esprit sur le remix de La Roux qui est assez différent de ce que tu avais fait précédemment. Est-ce que ça marque un changement et est que d’autres remixes vont sortir ?

En fait sur tous les derniers remixes, je teste des trucs ! Vous allez halluciner sur un que j’ai fait il n’y a pas longtemps. Mais sinon sur tous les derniers je teste des trucs et c’est pour ça qu’il y a des différences de malade. Je test des mix, des styles ou des tempos. Tu vois sur La Roux, c’est méga lent, j’ai testé un mix avec plus de bass sur les kicks.

Mais la enfin j’ai trouvé un son intéressant que je vais garder sur tout mon album, mais il n’y a pas de remix avec ce son la.

Tu as des remixes de prévus ou pas ?

La ouais ! On m’en a proposé quelques-uns. Je ne suis pas que sur je vais les faire. Il y en a un qui va sortir pour Nero, une preview est sortie, mais je ne peux pas trop parler de ceux qui vont arriver.

Qu’est devenu le morceau avec Smacktown ?

Ah oui !

Ben rien, c’est juste parce que je n’avais pas envie non plus de faire direct du « banger », du gros machin de soirée alors que ça partait un peu dans ce délire la. Puis ça ne s’est pas fini, les mecs m’ont fait écouter des morceaux, et tu sais, je suis super sensible à ça.

Ça sonnait un petit peu trop vulgaire à mon gout et je ne voulais pas m’associer avec eux, sur un truc comme ça, sur un coup de tête.

Et celui qui avait été ripé sur un set lors de ton passage en Australie ?

Tu sais qu’il y a des sons qui trainent, qui sont vraiment mes sons, mais les mecs ont mis les heures au pif alors que ce n’est pas du tout les vraies.

(Je lui fais écouter le morceau)

Ça, c’est la fin de mon truc avec Vyle ! Ah non c’est 9h20 ça ! Ce son, je ne l’ai jamais release … Mystère !

C’est un morceau que j’aime beaucoup et il est probable qu’il y ait une espèce d’hommage à ce morceau que j’ai vraiment kiffé et qui représentait bien Danger.

Je pense que je vais le sortir dans le futur, mais ce sera plus un hommage. Globalement, moi je considère que j’ai déjà sorti un album. Entre mes EP et mon live qui a été ripé maintes et maintes fois, si tu récupères en fait les sons qu’il y a, moi j’en ai sorti au moins 16. Et la, je considère que ce son la de Danger je l’ai fait, et maintenant je vais vers quelque chose de différent d’encore plus cinématographique et encore plus FAT.

Avec internet et les blogs, c’est plus vraiment pareil. C’est ça qui fait chier d’ailleurs dans mon cas. Si j’avais commencé à faire des DJ sets et non pas des live en passant les deux sons que j’avais sortis dans mon premier EP, je sortirais un album avec tout ce j’avais de dispo. J’ai décidé de faire des live parce que je ne me considère pas comme un DJ.

Au final c’est cool, ça marche bien, mais malheureusement c’est vrai que mon album il a tourné quoi. Donc si je le sortais maintenant, l’ancien, ça serait plus une compilation et pour moi ça n’a pas d’intérêt.

La meilleure date ?

Haha (rires).

Ça sera ce soir, je pense … Non, ça, c’est de la promo.

Plein d’endroits ont été vraiment cool. Je t’avoue que le truc cool super « chan-mé », c’était de jouer en Chine ou aux États unis sur des putains de grosses dates, c’est toujours plaisant. Mais sinon, je ne sais pas, je n’en ai pas qu’une seule. Généralement, plus les dates sont cool, plus je ne me souviens pas du truc parce que je suis trop dans mon monde.

Mais globalement partout, j’ai fait des très bonnes dates et c’était cool.

La chose/événement qui t’a le plus marqué avec Danger ?

Alors marqué … Bah si, ce qui m’a le plus marqué c’est clair …

En fait, je me suis fait des potes japonais qui « kiffaient » grave Danger avec qui je tourne un petit peu. C’est un groupe qui marche super bien au Japon, mais qui n’est pas super connu parce que le marché du disque japonais et le marché international sont super différents. C’est un groupe qui s’appelle LowBrows.

C’est des parties des trois groupes électro les plus fat au Japon. Les mecs sont super cool, et eux, franchement comment ils nous ont accueillis … Laisse tomber. Je suis allé là-bas deux fois, je vais y retourner cette année. Pour moi l’amour du Japon qui était un gros fan de manga à l’époque et en plus les mecs sont juste adorables, ils nous on fait visiter plein de trucs. On est allé dans un parc créé par un designer où il n’y a que des pyramides dans tous les matériaux, c’était des trucs gigantesques … On a vraiment passé des moments « chan-mé » avec eux.

Moi personnellement ça ne vient pas des Daft, j’ai toujours « kiffé » les trucs ésotériques et si tu regardes n’importe quelle pochette de métal, tu verras que ce ne sont pas les Daft Punk qui ont inventé le truc sur les pyramides. En fait, c’est juste un signe par rapport aux vraies pyramides d’Égypte. Tous les temples ont toujours été faits en forme pyramidale, car c’est la forme qui fait le lien entre Dieu et la terre (la plus simple). C’est le truc lié à l’ésotérisme, les francs-maçons, tout le bordel …

Donc voilà, j’aime bien ce genre de truc. Il y avait le côté monolithe noir machin à la « 2001, l’Odyssée de l’espace ». Ce que j’aime bien aussi, c’est tout ce qui a attrait aux rêves … Comme pleins de gens, je « kiffe » Michel Gondriy j’adore Inception car il y a ce rapport la justement. Tous les trucs que tu ne comprends pas et qui font flipper j’adore !

C’est pour ça je « kiffe » à mort Quentin Dupieux dans son ciné, car il a souvent ce rapport la ! Comme avec Rubber que j’ai eu la chance de voir il n’y a pas longtemps. Il parle pas mal de duel, d’un film de Steven Spielbierg avec des camions. Tu sais, c’est comment un mec arrive à te faire flipper alors que c’est juste un camion quoi, on s’en bat les couilles, il est « chan-mé ».

Tu « flippes » d’un camion alors que c’est juste un camion où tu ne vois pas trop le conducteur et en fait, j’adore quand tu arrives à te créer une émotion de rêve où tu as l’impression de « flipper » sans savoir pourquoi. Et sur ça Oizo, tu sens que c’est un leitmotiv de fou sur tout ce qu’il fait, sur tous les Tellier qu’il a fait ou même ses prods avec Flat beat. C’est « chan-mé ». C’est cool et super intéressant car à chaque fois il a des super bonnes idées.

J’aimerai bien le rencontrer, je n’ai jamais parlé avec lui.

Tu as pensé aux épileptiques avec ton background Myspace ?

En fait je l’ai fait par rapport aux Pokémons. Les Pokémons sont arrivés super tard à la télé en France parce que Pikachu donnait des crises d’épilepsie à des gamins avec son attaque éclair.

En fait, ils mettaient du noir et du jaune méga vite et il y a plein de Japonais qui faisaient des crises d’épilepsie. Et je crois que ça a mis trois ou quatre ans à être adapté en français car ils devaient ralentir le framerate des attaques de Pikachu.

Ça n’a rien à voir, mais j’aime bien les trucs comme ça ou tu te dis : « Putain s’il faut, il y a un mec qui est en train de baver sur son pc. Je l’ai tué avec mon fond d’écran ! ». Surtout s’il a un PC rapide, c’est un peu le comble, tu sais.

Haha (rires) …

Le mot de la fin ?

Je mate encore South Park à mon âge, c’est abusé …

Mais vraiment, c’est « chan-mé » ! C’est une série incroyablement drôle alors que je détestais la regarder il y a trois ans parce que je connaissais que les trucs d’avant. J’avais arrêté de regarder, car je trouvais que c’était trop scato et en fait, c’est énorme. Je trouve que ce sont les meilleurs de la terre ces mecs.

C’est incroyable de rester quatorze ans de suite en arrivant à faire des putains de trucs avec des scénarios de bâtards à chaque fois. C’est incroyable ! En même temps, ils n’ont pas peur, c’est des punks, ils pourraient se faire buter …

Sur l’épisode du 200e avec Mahomet, laisse tomber ! Je ne sais pas si vous avez vu, mais il y a eu leurs noms postés sur un truc … Fatwa avec leur adresse derrière. Pour moi c’est incroyable …

Alors que les Simpsons, depuis la troisième saison même si je « kiffe », c’était déjà commercial avec seize scénaristes. Maintenant, c’est des pubs Apple gigantesques, ça m’emmerde un peu. Alors que South Park, j’hallucine que les mecs restent comme ça. Rien à foutre, ils arrivent toujours à faire des trucs, à rebondir, c’est incroyable.

Vraiment c’est … Moi je suis super admiratif.